Frédéric Vialle

    Pilote Français 02/11/2016

    Je voulais un jour être en finale à Bercy !

    Rédacteur : L'archiviste

  • Foxhill, Grand Prix d'Angleterre 1995
  • Motocross History : Comment es-tu arrivé dans le monde de la moto ?
    Frédéric Vialle (FV) :
    Mon père était trialiste-organisateur, passionné de trial et j'allais
    tracer les zones avec lui le week-end. Mon oncle était pilote de
    motocross en ligue, national et inter 500. J'ai baigné dedans ! Puis
    j'ai vu les Bayle, Kervella courir lors d'un supercross et j'ai voulu faire
    comme eux.

    Te-souviens-tu de ta première course ?
    FV : Oui. C'était à La Voulte avec un Italjet ! Au départ, on poussait les motos comme à l'ancienne ! J'avais fini très loin.

    Qu'est-ce que t'a apporté le mini-vert ?
    FV
    : J'ai un parcours un peu particulier. J'ai participé à ma première
    course en ligue à Chateauneuf les Martigues en 1985 avec une Honda. J'ai
    terminé dans les derniers. Puis lors des courses d'après, j'ai fini
    25è, 20è puis parmi les premiers. Je ne suis pas passé par le mini-vert.
    C'est allé très vite ! Avant de devenir pro, je ne faisais
    de la moto que depuis quatre ans.



  • 1989 en juniors *
  • Qu'est-ce que cela fait de gagner une finale de championnat de France de supercross à quinze ans ?
    FV
    : Je ne me rendais pas compte. J'étais content, dans ma bulle. En fait
    j'avais décidé de faire de la moto, pour être un jour en finale à Bercy !
    Donc j'étais dans mon objectif.

    Tes premiers éclats sont en supercross. As-tu préféré cette discipline au motocross ?
    FV
    : Oui. Je commence à percer lors du Bercy 1990. Je crève l'écran avec
    cette chute. Après une petite glissage je redémarre aussitôt, mais je
    chute et tombe entre les deux bosses. Je veux repartir, mais il y a
    Bolley qui arrive au-dessus de moi !! J'ai eu une ascension rapide,
    mais je n'étais pas très stylé !

    Visionner ici la video :
    http://www.motocross-history.com/video.php?tube=Bercy%201990

    L'association avec P.Boniface, est-ce le premier tremplin ?
    FV
    : Oui ! Un an auparavant, j'étais avec D.Hoog, G.Roussel, H.Hagnéré. Il
    m'a fallu un temps d'adaptation avec la Kawasaki. Je ne m'en suis pas
    trop mal sorti en championnat d'Europe, mais j'ai eu des problèmes de
    carburation en championnat de supercross. En 1991, Boniface avait crée
    avec Kervella et Guédard, le team KGB. C'est là que j'ai appris le haut
    niveau. J'allais chez Bony trois semaines, puis je retournais chez moi, puis je revenais chez Bony.
    Je m'entrainais spécifiquement sur les circuits du Nord, en vue du
    Touquet, notamment.



  • 1991, interview lors de l'Elite de Thomer **
  • Par la suite tu a été dans beaucoup de teams, dans lequel as-tu eu le meilleur contrat ?
    FV : Tous les contrats ont été bons, même avec l'importateur KTM.

    Aurais-tu pu être Champion du Monde ?
    FV
    : Je pense que non. Maintenant, je n'ai pas eu Jacky Vimond comme
    entraineur, et lui me voyait titrable, donc peut-être que si j'avais été
    avec lui ! Entre troisième et premier il y a un monde. Après dans ta
    vie, tu as un parcours et tout dépend comment tu l'abordes. Rappelle-toi
    mon objectif. Au départ je ne voulais pas être Champion du Monde, mais
    aller en finale à Bercy !

    Raconte moi ta victoire de manche à Laguépie en 1993 ?
    FV
    : Pour ce week-end là, j'étais parti pour gagner une manche. Il me
    fallait à tout prix une victoire, je végétais un peu. Je n'avais pas
    cette aisance technique, je ne prenais pas de risque, je ne me blessais
    pas, mais cela ne reflétait pas mon pilotage. Lors de la dernière
    manche, je pars 2-3, puis je passe en tête. Barto chute. Karlsson me passe mais chute aussi ! Tu sais que c'est peut-être le bon jour. Je n'ai pas lâché ! A la fin Yves et
    Strijbos étaient derrière. Je luttais contre les Suzuki. Des avions ! Et
    puis c'était des manches de 40 minutes plus deux tours ! Dans ma
    carrière, j'ai du courir une fois pendant 47 minutes et 51 minutes !



  • Les caméras à l'arrivée de la manche victorieuse *
  • Et "TON" Grand Prix en 1997 ?
    FV
    : Presque à la maison, à Pernes. Dès les chronos je suis bien,
    troisième. Je pars en tête dans les deux manches. En première j'étais
    tellement excité d'être devant que je chute au deuxième tour ! Je repars
    8, un peu froissé ! Finalement je termine 4 en serrant les dents car
    j'avais un peu mal ! En seconde manche, je suis plus sage et je gagne la
    manche, donc le Grand Prix !




  • Publicité Pirelli célébrant la victoire en GP.
  • Combien de titres nationaux as-tu décroché ?
    FV : Trois. Un en motocross en 1997 en 125cc et deux en supercross, en 1993 en 125cc et l'autre en 1995 en 250cc.

    Tu as beaucoup de deuxième places aussi, y a t-il une déception pour une ou deux saisons ?
    FV
    : En 1991, au départ de la finale du championnat supercross, j'ai 7
    points d'avance sur Pichon.
    Je casse la bielle avec la nouvelle moto. Kawasaki voulait que je roule
    avec. Maintenant, je suis tombé sur des Champions du Monde : Demaria,
    Pichon, Tortelli, Bolley ! Donc des deuxièmes place, j'en ai accumulé.
    Et puis un jour, j'ai eu une fracture mentale : 12 GP, 1 Touquet,
    l'Elite, le SX, chaque année pendant 10 ans !

    Question "bâteau", lequel de tes titres fut le plus beau ?
    FV
    : Pas le premier. Plutôt le titre en 250cc en supercross. Je montais de
    catégorie. Et puis le titre de Champion d'Italie en 125cc.

    Je reviens sur la perte du titre, en as-tu voulu à Kawasaki de t'avoir fait rouler avec la nouvelle moto pour la finale ?
    FV : Non, c'est comme ça. C'était mon employeur.

    En fait nous les fans, nous étions plus déçus pour toi !
    FV : Oui.

    1991, premier Motocross des Nations, avec un team 100% Kawa !
    FV
    : Oui, c'était sympa. Malheureusement, on y était allés sans prétention
    car il y avait du monde ! Les Stanton, les Bradshaw, les Kiedrowski,
    les Puzar, les Everts...!!! Et puis Olivier Perrin était malade, donc
    nous n'avions roulé qu'à deux avec Yann Guédard.
    Par contre à
    Roggenburg en 1994, on aurait pu gagner. J'ai le sentiment que l'on avait le
    potentiel. On était bien, on était entre potes. Je me classe deux fois quatre en catégorie 125cc.



  • Motocross des Nations 1994. ***
  • Et tes autres Nations ?
    FV
    : L'année d'avant à Schwanenstadt, je peux te dire que dans la montée,
    il fallait la tenir, la Kawa 500 !!! J'avais mal aux bras ! Je termine
    neuvième et dixième en catégorie 500cc. En première manche je suis dans
    les 5, mais je termine onzième scratch. En troisième manche je roule
    mieux mais je suis mal parti. Et en 1997, on me demande de rouler en
    250cc, j'accepte mais je n'ai pas pu m'entraîner assez avant. Dans ma
    première manche, je pars 3 et je termine 5, je suis plutôt content. Par
    contre en dernière manche, je chute en début de course et un caillou se
    coince sous ma pédale de frein. Je ne peut remonter qu'à la
    vingt-cinquième place. Dommage.


  • Motocross des Nations 1997.
  • Quels étaient tes qualités ?
    FV : Il n'y a rien qui ne pouvait me faire peur. Dans la difficulté j'arrivais à me transcender.

    Pour nous, les fans, on te sentait engagé, ça n'a pas trop frité en course : St Jean en 1991, Donnery 1994 ?
    FV
    : Après St Jean, on ne s'est pas parlés pendant un mois avec Yves ! Je
    voulais bousculer la hiérarchie. Il tournait deux secondes plus vite au
    tour, je me battais, j'ai tenté un truc ! Au cours du premier tour, je
    perds le contrôle de la moto à cause d'une flaque d'eau que je n'avais
    vu et je tape dans Yves !
    Avec Mika ça souvent été chaud
    ! Il me prend le titre Cadet pour deux points et en 1994, lors de la
    dernière manche je joue mon va tout ! Mais bon Mika, je pense que ça été
    le meilleur pilote en général : la façon de gérer sa carrière, les
    moyens qu'ils se sont donnés, l'organisation de la famille.


  • Chaude finale à Donnery.
  • Retour au supercross, Bercy 1991 ?
    FV
    : C'était fantastique !! Nous ce que l'on voulait, c'était aller à
    Bercy et rouler contre les Ricains !!! Le championnat de France de
    supercross nous a permis de prendre conscience que le supercross était
    très important, que l'écart avec les Américains était énorme et ce qu'il
    fallait faire pour les rattraper. JLFO nous a aidé et c'est pour cela
    qu'il faut garder le championnat. Il permet éducation et préparation. Il faut que ce championnat perdure !
    Cela
    nous a permis d'aller rouler à l'étranger en SX. A l'époque, avec
    F.Bolley, nous n'étions que deux à être aller à Barcelone et à Tokyo. Ca
    me fait penser à ce qu'ont fait plus tard, les frères Pourcel et puis
    récemment Ferrandis et Febvre.

    Pour en revenir à cette finale, au
    bout du tunnel, je suis à l'intérieur mais j'accroche le repose pied et je
    glisse. Yves me passe, puis je reviens dans les whoops !! Dans la
    dernière ligne droite, Yves est à droite de la piste, puis il recoupe un peu sa trajectoire. Il me l'a fait à l'ancienne
    et je ne peux pas sauter le triple pour le dépasser. On termine roue dans roue !

    Le supercross US, une autre dimension ?
    FV
    : Oui tout à fait. L'écart est toujours important et à l'époque,
    c'était un monde ! On comprend mieux la différence avec les circuits et
    les infrastructures. Il y a beaucoup de moyens. En ce qui me concerne,
    c'était une découverte, il y avait de l'excitation, nous Français, on
    voulait montrer ce que l'on savait faire.

    Comment s'est passé l'organisation ?
    FV
    : Shot avait proposé à certains pilotes de partir aux USA. Il y avait
    Kervella, Perrin, Porte, Guédard. Sur place, nous avions loué une moto
    et un camion. A Anaheim, on bénéficiait d'une préparation Pro Circuit avec un
    service privilégié, moteur et suspension. Par contre, la course d'après, à
    Seattle, c'était la débrouille, j'étais le long des grillages avec 2-3
    clefs dans le sac. Je gagne la demi finale !! Du coup lors
    de la finale, j'étais panneauté par Pro circuit ! Je holeshote la
    finale, je reste 10 tours en tête, puis il a fallu respecter les
    consignes et laisser passer le pilote Pro Circuit : Ryan Hughes. Normal
    car une année ils avaient perdu le titre pour quelques petits points.

    As-tu roulé en outdoor ?
    FV
    : J'ai fait une course et j'ai pu rouler avec Doug Henry. Il était
    champion sortant. C'est la première fois que je me suis senti ridicule.
    Il me collait sept secondes au tour ! C'était une course de préparation
    mais quand même ! On n'avait que quinze minutes d'essais et dix minutes
    de chronos, puis c'était les manches. Ca m'a moins botté que le
    supercross.

    Le supercross ça me bottait

    Les terrains outdoor sont-ils meilleurs ?
    FV
    : Je n'ai pas trouvé. Par contre pour nous les Européens c'est plus
    dur. Les Américains tournent toujours sur les mêmes circuits donc ils
    les connaissent. C'est comme un champion de ligue en France, il tourne
    sur les mêmes terrains, il est indéboulonnable.

    Pourquoi n'as-tu pas essayé l'aventure US ?
    FV
    : C'était mon rêve. J'ai eu une proposition mais à la dernière minute,
    ça ne s'est pas conclu. Je te raconte. Nous sommes en 1997. Le vendredi
    matin avant le Grand Prix de Belgique à Neeroteren, Xavier Audouard
    m'appelle :
    - "Pro Circuit cherche un pilote pour être le coéquipier
    de Ricky Carmichael et on a pensé à toi. Ce qui serait bien, c'est que
    tu montres un truc ce week-end."
    - "Ok, on se rappelle dimanche."
    Je
    dois faire dans les derniers temps de la qualif. Mais le dimanche se
    passe super bien, je gagne le GP ! Je rappelle X.Audouard :
    - "Xavier, j'ai gagné les deux manches !!"
    Mitch
    Payton était prêt, le contrat aussi. Mais au dernier moment le boss de
    Kawa US a refusé : la dernière collaboration avec un pilote français
    s'était mal passée et il ne voulait que ça recommence.

    Quels étaient tes circuits français favoris ?
    FV : Laguépie, Pernes, Lacapelle mais aussi en Bretagne, Romagné et Iffendic. J'ai adoré ce circuit, je pouvais m'y exprimer !

    Tu as roulé aussi en "enduro" : Touquet et Bol d'herbe ?
    FV
    : Oui, le Bol d'herbe en 1992 avec le team Kawa : Guédaro, Olaf et
    Kerv. On gagne dans le dernier tour ! Et puis le Touquet. J'aurais pu
    gagner en 1997. Réglementairement, j'aurais du le gagner. J'adorais ce
    style de course. Bony me l'avait inculqué. J'aurais bien aimé le gagner,
    mais je n'ai pas eu le temps de m'entraîner comme il fallait. C'est au
    moins un mois et demi de préparation. Tous les jours tu tournes en moto pendant
    quarante-cinq minutes, tu roules à vélo !

    Tu as eu beaucoup de surnoms, lequel as-tu préféré ?
    FV : Viallou. C'est Olaf qui me l'avait donné : "tu es comme un chien fou, comme un loup !"


    Viallou, le chien fou

    Quel est ton meilleur souvenir ?
    FV
    : J'en ai deux : Bercy 1991 et une course à la Gurp TT. Il y avait une
    double piste. On était à la lutte avec A.Demeester, JC.Moussé et
    T.Potisek. Avec Arnaud on a pris à gauche, ils ont pris à droite et nous
    sommes passés devant !

    Avais-tu une idole ?
    FV : Petit, j'adorais H.Carlqvist et D.Thorpe.

    Palmarès
    Champion de France 125cc motocross : 1997
    Champion de France 125cc supercross : 1993
    Champion de France 250cc supercross : 1995
    Champion d'Italie 125cc motocross : 1995
    Vainqueur de 3 Grand Prix 125cc
    Vainqueur de 8 manches de Grand Prix 125cc
    Vice Champion de France 80cc motocross : 1988
    Vice Champion de France 125cc motocross : 1991, 1992, 1994, 1995, 1996, 2000
    Vice Champion de France 125cc motocross : 1991, 1994
    Vice Champion de France 250cc supercross : 1997, 2000
    3ème du Championnat du Monde 125cc : 1996
    3ème du Motocross des Nations : 1994
    3ème du Championnat de France 125cc motocross : 1993
    3ème du Championnat de France 125cc supercross : 1992
    3ème du Championnat de France 250cc supercross : 1996, 1999, 2001
    Photos : Tonylamalte sauf * M.Moncler, ** Archives MC.Thomer et *** XL420]

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