Motocross des Nations 1961. Partie 5 Fin

    Motocross des Nations 03/03/2013

    C'est l'heure de la finale, quelle équipe montera sur la plus haute marche du podium ?

    Rédacteur : L'archiviste



    Le départ de la finale s’effectue dans une
    atmosphère tendue, car c’est maintenant que l’on va passer aux choses
    sérieuses. Dès la première seconde, il va s’agir pour chaque nation de se
    placer, de définir une course collective propre à déterminer le meilleur
    résultat. Les managers ont répété leurs derniers conseils, les tactiques à
    suivre et tout le monde est prêt à bondir au feu vert, tout le monde sauf
    Tibblin qui est à pied face à tous ses camarades, attendant sa moto qui
    n’arrive pas assez vite.





    Que va-t-il se passer ? Va-t-on retarder le
    départ ? Point du tout : le vert est donné, la ligne d’attaque
    s’ébranle et notre Gérard Ledormeur, suivant le mouvement manque proprement de
    culbuter le «piéton» suédois, à qui tout de même ses mécaniciens
    amènent sa monture.





    Voici Tibblin lancé avec 300 mètres de retard sur
    la troupe des 22 autres concurrents, Tibblin déchaîné, extraordinaire, qui
    rejoint en un rien de temps un nombre incalculable de pilotes. Il entreprend une
    remontée phénoménale passant au huitième rang dès la fin du premier tour !





    En tête, Bill Nilsson, qui «à cravache»
    de tout son cœur. Ensuite Curtis, Johansson, Smith. Un peu après Burton,
    Andersen, Archer. Encore plus loin, derrière Tibblin, Thevenaz, Vanham, Baeke,
    Ledormeur, Courajod, Klym, Lundell, Hazianis, Von Arx, Rasmussen, Beaumard, et
    déjà très distancés Rapin, Vanderbecken, Lynegaard.





    Donc au début, l’Angleterre mène d’un point devant
    la Suède, puisque le classement doit s’établir pour chaque pays sur les trois
    premiers hommes classés. Bien renseignés les Anglais s’efforcent de consolider
    leur avantage, Archer passant le Danois Andersen. Pour le reste, c’est la
    Suisse qui est troisième, devant la Belgique et la France ensemble et le
    Danemark en dernier.





    Si l’Angleterre s’efforce d’augmenter son avance,
    la Suède s’emploie ferme à réduire son retard. Tibblin gagne deux places, au
    détriment d’Andersen et Archer. Et dès le cinquième tour, les Nordiques ont
    repris l’avantage, par trois points, Lundell arrivant lui-même à la rescousse,
    pour pallier tout incident pouvant survenir à l’un ou l’autre du trio
    Nilsson-Johansson-Tibblin qui mène la danse. Les Anglais ont eux aussi protégé
    leurs arrières, Curtis, Smith et Burton ayant Archer immédiatement derrière
    eux. Et voilà que le numéro deux suédois, le grand Johansson ne repasse
    pas ! Immédiatement la situation change. Les britanniques reprennent le
    dessus avec Smith devenu second, Curtis à la troisième place et Burton bien
    accroché à la cinquième, soit dix points, tandis que les Suédois jouent
    maintenant avec Nilsson, premier, Tibblin entre-temps passé quatrième et, par
    bonheur pour eux, Lundell remonté au sixième rang, soit onze points. Après un
    tiers de course, le leadership a changé trois fois !





    Il y a énormément de pilotes doublés et il devient
    très difficile de savoir où en sont les autres nations. Mais nos quatre homme
    sont toujours là , marchant le plus vite qu’ils peuvent sans rien risquer car
    telle est leur consigne : tenir, durer en laissant l’adversaire s’exposer
    à la casse et aux chutes. Effectivement le Danemark est déjà écarté, Lynegaard
    ayant disparu. Les Suisses perdent du terrain et les Belges qui nous avaient
    lâchés sur une belle remontée de Vanderbcken, voient leur chance s’envoler avec
    l’arrêt définitif de leur champion un peu plus tard. En effet Baeten a été
    écarté dès le premier tour et à présent, il n’y a plus pour la Belgique que le
    petit Baeke qui tourne pour la gloire, Teuwissen étant lui aussi éliminé !
    Autrement dit, la sage tactique de Seery devient payante et l’espoir monte en
    nous qui, groupés autour de Georges Schmid, suivons le pointage des passages.





    A la mi-course et bien que Tibblin ait encore gagné
    une place, tournant désormais en troisième position derrière Nilsson et Smith,
    l’écart est toujours d’un seul point en faveur de la Suède car Curtis demeure
    quatrième et Burton n’a pas laissé passer Lundell. Un attroupement nous conduit à aller voir ce qui se passe à l’entrée de la ligne droite et cela nous donne
    un coup au cœur : Hazianis est ramené à l’infirmerie, s’étant enfoncé dans
    la cuisse la poignée de frein !





    Nous avons bien sûr encore trois hommes et Bertrand
    qui aide à la signalisation leur adresse des indications optimistes par rapport à la réalité, afin de les stimuler. La fatigue, la chaleur se font sentir.
    Beaumard s’arrête pour boire et est vigoureusement remis en piste par ledit
    Bertrand. Nos émotions se renouvellent : voici qu’un affreux bruit, au
    passage de Klym, dénote une boîte de vitesse dont les pignons perdent
    progressivement leurs dents ! Et pourtant, il faut tenir, la troisième
    place derrière Suédois et Anglais étant maintenant à notre portée.





    Les Belges, les Danois ne sont plus «dans le
    coup» et les Suisses, si bien partis, si courageux, sont tellement loin
    qu’il ne leur sera pas possible de terminer tous trois dans les délais, après
    le retrait d’Albert Courajod.





    Suédois et Anglais continuent leur ballet. Ove
    Lundell devient cinquième du fait de la panne qui oblige Burton à s’arrêter.
    Trois hommes restent dans chaque équipe et il suffirait d’un accident pour
    faire que l’une ou l’autre équipe perde toute chance au classement. Tout de
    même, il y a une justice sportive : le cadre de Nilsson brisé en haut et
    en bas de la colonne de direction, tient juste ce qu’il faut pour lui permettre
    d’enlever en grand champion cette course sans rivale quant à la dureté. Et
    comme Tibblin et Lundell demeurent eux aussi à leurs positions respectives,
    c’est la Suède qui reprend cette année le Trophée Chamberlain, avec
    4’03 ‘’09 d’avance sur le trio d’anglais Smith, Curtis et Archer.





    L'Equipe suédoise sur le plus haute marche du podium

    Seule la France a une chance d’être classée à la
    suite de ces deux «grands» mais pour cela, il faut qu’après
    Ledormeur, magnifiquementclassé
    derrière Archer aux résultats individuels, Robert Klym et Beaumard en
    terminent.





    Avec anxiété, nous guettons l’entrée de la ligne
    droite. Voici Beaumard, voici Robert Klym qui doivent encore effectuer un tour.
    Pour le premier nommé, cela doit aller, mais l’Orléanais – qui accomplit depuis
    un moment le prodige de rouler sur la seule quatrième vitesse ! – nous
    donne à entendre au passage ce qu’il pense de nous ! Et les secondes
    s’écoulent, interminables. Une chute, le moindre incident propre à faire caler
    le moteur dans ces deux derniers kilomètres et c’en est fait de notre classement !
    Autant dire que tout tient à l’art de notre champion en matière de pilotage, à son doigté sur l’embrayage de sa vaillante BSA. Mais là aussi, il y a une
    justice : Robert réapparait, passe la ligne. Nous sommes troisièmes dans
    le plus dur des Motocross des Nations courus depuiscinq ans !





    Suprême hommage, lors de la remise des prix, pour
    la première fois, les Suédois, les Britanniques et d’autres coureurs se
    saisirent de nos hommes et tour à tour les lancèrent en l’air ! Bien sûr,
    voir Marcel Seery monter jambes vers le plafond de la salle valait son pesant
    d’or !





    Bill Nillson vainqueur de la finale

    Voici
    le classement de la Finale :



    1)Bill Nilsson en 63’53’’



    2)Jeff Smith



    3) Rolf Tibblin



    4) Dave Curtis



    5) Ove Lundell



    6)Mogens Rasmussen



    7) Leslie Archer



    8) Gérard Ledormeur



    9) Robert Klym



    10) Alfred Von Arx



    11) Jacob Lynegaard



    12) Florian Thévenaz



    13) Maurice Beaumard



    14) Pierre-André Rapin



    15) Palle Andersen





    Et
    le classement du Motocross des Nations :



    1)Suède en 196’41’’



    2)Angleterre en 200’25’’



    3) France



    Classement
    officieux car les nations n’ont pas eu leurs trois pilotes dans les temps



    4) Danemark



    5) Suisse



    6) Belgique



    7) Hollande





    Photos et source : Moto revue n°1556

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