Pour
la troisième fois au total et pour la seconde fois en Petite Cylindrée, le MC
Aisne a organisé le Grand Prix de France, épreuve du championnat du Monde.
Nous
fondant sur l’expérience acquise par l’équipe du Président Vaast dans ces
conditions, nous référant aux satisfactions éprouvées dans les précédentes
occasions, nous attendions de la manifestation saint-quentinoise toutes les
joies que procure une compétition hors classe bénéficiant d’une préparation
exceptionnelle.
Pourtant,
si persuadés que nous puissions être des mérites, de la compétence du MC Aisne,
nous pouvions craindre que trois facteurs défavorables interviennent ensemble
ou séparément pour déjouer nos espoirs.
Le
mauvais temps, presque habituel à Saint Quentin début avril, risquaitd’anéantir les efforts consentis en faveur
d’une présentation de prestige, de nuire au bon déroulement des courses et, ce
qui n’est pas le moins grave, de décourager le public, ceci ayant pour effet de
placer le MC Aisne dans une impasse financière.
Enfin
qui dit Grand Prix ne dit pas nécessairement épreuve passionnante. Il arrive
que le rassemblement des plus grands champions mondiaux aboutisse à une course
réglée comme du papier à musique, donc ennuyeuse après quelques tours et, à
cela, l’organisateur ne peut certes rien !
Or
rien de tout cela n’a joué, Dieu merci, et bien au contraire, le MC Aisne a
triomphé sur tous les points. L’organisation générale, si elle a – et c’était
inévitable même dans les meilleures conditions car on néglige toujours quelque
chose – présenté quelques défaillances mineures (absence de permanence en
ville, finition précipitée de quelques aménagements, défaut de coordination
entre responsables de la piste et du parc coureurs lors de la présentation,
manque d’installation ou de service d’ordre pour contenir le public lors de la
remise des gerbes et définition sommaire de cette cérémonie du podium) n’en a
pas moins satisfait totalement aux impératifs essentiels et marqué des points
ici ou là : départs parfaits, tour de contrôle (BP) neuve, vaste et mieux
placée qu’auparavant, résultats finaux communiqués une heure plus tôt qu’en
1963, service d’ordre et de sécurité sur la piste irréprochable, restaurant
doublé, le nouveau surclassant l’ancien pour la qualité du menu, la modestie
des prix, la qualité du service, son aménagement sympathique et soigné.
Le
temps, sans doute, a perturbé le déroulement de la journée et, surtout la
présentation publique des concurrents. Nous l’avons vivement regretté car, sur
ce point, le MC Aisne innovait de la plus belle manière : sur une vaste
scène, éclairée par des projecteurs, sonorisée par JM.Landureau et appuyée sur
la façade du Théâtre Municipal, les participants devaient être présentés à la
foule, un millier de personnes massées sur la magnifique place de l’Hôtel de
Ville. La participation de l’impeccable et spectaculaire Bagad de Lann Bihouhé,
des porteurs des drapeaux des quinze nations présentes, de différentes sociétés
musicales et folkloriques, de cent judokas enfin, donnait à cette cérémonie un
ton, une qualité, un intérêt de la meilleure venue. Malheureusement, si les
coureurs et le Bagad ont pu se produire dans les premiers instants, une averse
diluvienne a contraint les organisateurs à annuler le reste du programme prévu.
Sur
ce point, il semble que les manifestations de prestige se trouveraient mieux
d’être présentées en salle, et nous en faisons la suggestion à notre ami Bossart,
en lui demandant également de nous rendre la réception des concurrents à l’Hôtel
de Ville, pleine d’agrément, d’un beau cachet notamment pour les délégations
étrangères.
La couverture de Moto Revue fait sa une à propos du Grand Prix de France
Mais
si la pluie a rendu vain les efforts des organisateurs pour précéder la course
d’une originale présentation publique, le mauvais temps n’a heureusement pas
poussé son action plus loin. Dès le dimanche, le circuit séchait sous l’action
d’un vent frais et de belles éclaircies donnaient confiance à une dizaine de
milliers de spectateurs qui, sans recevoir une goutte d’eau, sans être souillés
par la poussière, virent se dérouler des courses rendues plus belles encore par
le terrain souple, impeccable, qui s’offrait dès lors aux coureurs.
Là encore, le risque que nous évoquions tout à l’heure était surmonté. Evidemment,
il aurait fallu que le public fût plus nombreux pour garantir la totalité des
gros frais engagés mais, en la circonstance, le déficit enregistré reste de
ceux que Louis Bossart a l’habitude de rattraper !
Un
Grand Prix disions-nous encore, il y au un instant, ne fait pas forcément une
grande course. Dans ce domaine, le MC Aisne, qui l’a bien mérité, a connu une
rare réussite. Il est en effet tout à fait exceptionnel de vivre les intenses
minutes d’émotion sportive que nous ont fait ressentir Arbekov et Robert, en particulier au cours d’une première
manche qui restera longtemps dans nos souvenirs !
Ajoutons
que, par ailleurs, les épreuves complémentaires en cyclos 50cc et avec les
jeunes demi-finalistes du Trophée National des Espoirs ont, elles aussi, fourni
d’excellents moments sportifs. En définitive, nous avons eu à Saint-Quentin une
après-midi de motocross qui a passé comme une lettre à la poste et qui a fait
courir les plus blasés d’une barrière à l’autre !
Les cyclos à l'honneur lors du Grand Prix de France
Le
MC Aisne a donc triomphé une fois de plus des obstacles et répondu brillamment
aux espoirs que sa désignation pour l’organisation du Grand Prix de France 1965
en Petite Cylindrée avaient fait naître. Ce club est fait pour les grandes
entreprises. Il les lui faut pour employer pleinement les ressources dynamiques
de son Comité Directeur, les possibilités d’action de son nombreux et combien
sportif effectif.
Nous
reverrons donc d’autres Grand Prix à Saint-Quentin et nous sommes certains que
ces Grand Prix seront encore en progrès sur les précédents. C’est pour
favoriser ces progrès que nous avonsinclus
dans cet article non pas des critiques, mais des suggestions auxquelles nous
ajouterons la dernière venue sous nos plumes : aménagement du parc des
coureurs avec de bons éléments de confort et, pour les mécaniques, tout le
nécessaire aux réparations.
On
aime bien trop les coureurs au MC Aisne pour leur refuser cela !
A
quelques minutes du premier départ, après la présentation toujours belle à Saint-Quentin où le Bagad de Lann Bihouhé, groupe musical folklorique de la
base aéronavale de Lorient eut, avec ses bombardes, ses petites trompettes
aigrelettes, ses cornemuses et ses évolutions d’ensemble un très gros succès
populaire, les pronostiques donnaient tous, chez les gens avertis, Joël Robert
ou Victor Arbekov.
A
l’entraînement, en effet, les deux hommes avaient été les plus rapides, les
plus en évidence. Et si, devant ses nombreux compatriotes présents à Saint-Quentin, devant MM Bruneel et Dillen de la FMB, le Champion du Monde nous semblait devoir signer d’une victoire ce troisième Grand Prix 1965, le Soviétique paraissait
lui-même de taille à faire front, à renforcer sa position en vue d’amener à
Moscou le premier titre mondial qui viendrait à passer le rideau de fer (dans
le domaine des sports mécaniques s’entend, car sinon… !)
Nous
discutions donc ferme avec nos confrères anglais, belges, tchèques, avec Viktor
Lahita, le mécano de Joël, avec les représentant des fédérations tchèque et
soviétique quand tout à coup le tonnerre de moteurs nous précipita vers
l’extrémité de la ligne de départ.
Source
et photos Moto Revue n°1738 RCD