Le
public n’a pas bougé d’un cheveu, pressentant qu’il va voir ce qu’il ne peut
voir qu’assez rarement : un cross dans la tempête !
Jeff
Smith, l’officiel BSA est parti en tête, tirant dans son sillage Tibblin,
Rickman (Don), Lundin, Broer Dirks, Guy Bertrand à nouveau parmi les premiers. Le
bon, le brave vice-champion de France que voila !
Mais
Smith ne peut résister à la pression que Tibblin, éblouissant, exerce sur lui.
Il cède le pas, comme il le cèdera bientôt à Lundin, puis à de nombreux
adversaires avant de disparaître de la phase active de la course.
Tibblin,
en tête, a le Champion du Monde en titre pour lui disputer le leadership. Il
conservera cependant sa position durant des tours, finissant à la longue par se
laisser passer car, restant second alors qu’il ne court plus aucun dangerà cette place, il est assuré de vaincre au « général »
ce qui vaut de ne pas prendre de risques inutiles.
Tibblin,
Lundin détachés, Don Rickman et Smith ensemble, puis Nic Jansen revenu d’une
place, Bertrand qui se cramponne de tout son cœur, Broer Dirks qui a du lui
laisser la place (mais oui !) enfin Robert Klym dont la position n’est pas
mauvaise puisqu’il précède Lundell, etc…
Broer
Dirks repasse Bertrand tandis que la nuée qui a envahi tout la voute céleste
semble devoir éclater à la seconde. Effectivement cela s’abat sur nous avec une
force incroyable et ce n’est pas de la pluie, c’est du grêlon de beau calibre
qui descend sur le circuit de Frotey-les-Vesoul, les coureurs, le public
restant fidèles à leur poste, impassibles sous la mitraille céleste qui crépite
alentour.
René Klym devance ici Hubert Scaillet
Tibblin
et Lundin poursuivent leur ronde solitaire et c’est à peine s’ils donnent
l’impression de ralentir le train. Mais derrière eux, quelle pagaille,
quel désastre !
Don
Rickman disparaît bientôt, Jansen s’arrête et puis repart, Lundell et Baeten
remontent, De Soete, rentre au parc, quantité d’hommes se font doubler et
redoubler, glissant, zigzaguant, tenant quand même sur le terrain devenu
affreusement difficile. Le drame, pour nous, c’est l’arrêt de Bertrand, que son
allumage trahi au plus creux de la carrière. Il réussit à repartir après avoir changé
de bougie, mais la course est jouée, est perdue pour lui devant qui s’ouvrait
l’instant d’avant les plus belles perspectives.
En
fin de compte et alors que, sous un ciel qui s’éclaircit à nouveau, le drapeau à
damier s’abaisse sur la victoire de Lundin dans cette seconde manche, restent
seuls dans la course, outre Tibblin, grand vainqueur du Grand Prix de France,
Lundell revenu à la 3e place, en ayant affiche une classe exceptionnelle,
Baeten, qui sur le terrain mou, a retrouvé la possibilité de sauter, de virer,
ce qui lui manquait au début de l’après-midi, Broer Dirks qui est encore cette année
l’un des meilleurs indépendants au monde, Jansen grâce à qui la Belgique inscrira un nom
de plus au tableau provisoire du Championnat du Monde, enfin Lucien Donnay,
autre Belge qui s’est trouvé bien du mauvais temps et Delpeyrat, loin sans
doute, mais honorablement classé quand même.
Ainsi
s’achève un Grand Prix de France qui peut compter parmi les meilleurs souvenirs
sportifs de ceux qui l’ont vécu en grand nombre.
Et
tandis que nous emporte à travers bois la Jeep grâce a laquelle quelques confrères
et votre serviteur auront regagné la ville deux heures avant tout le monde
(8 000 véhicules sur la route après la manifestation) nous songeons que
nous avons en France deux petits gars au moins qui, s’ils le voulaient,
pourraient bien vite faire eux aussi des étincelles dans les courses du
Championnat du Monde.
Oui,
Bertrand, Delpeyrat, vous le pourriez !
Voici
les classements

