N’ayons
pas peur des mots, nous avons assisté au plus beau et au plus complet des
Grand Prix, cette saison. Le plus beau car A l’occasion de son 50ème
anniversaire, le motoclub du Nord avait voulu donner un éclat exceptionnel à la seule manifestation en France qui comptera pour l’attribution d’un
titre mondial dans le sport motocycliste.
Le
plus complet, parce qu’avec lui les pilotes soviétiques ont fait leur entrée au
sein du Championnat du Monde, ayant précisément choisi notre Grand Prix, notre
pays pour point de départ dans leur adhésion effective au sein des compétitions
officielles du monde occidental.
Belle
récompense pour tous ceux qui, depuis des semaines, avaient donné tout leur
temps, avaient consacré tous leurs moyens à la préparation de ce Grand Prix :
plus de 30 000 spectateurs garnissant les enceintes, vibrant au rythme des
courses, hurlant à plein gosier au passage des idoles du jour, acclamant à
chaque tour l’enfant du pays, André Chuchart, licencié du club
organisateur !
Ivanov, le Soviétique n'a pu se qualifier
Initiative
intelligente de ce club qu’il convient de souligner, lors du passage au secrétariat,
un jeu de 3 plaques de course réglementaires, peintes au n° qui leur seront
attribués
Bien
que le vent soit froid, le temps est à l’humidité, et, sans être boueuse (car
la structure du terrain est sablonneuse), la piste parait légèrement glissante.
Mais quel splendide tracé et surtout quel beau tracé naturel ! Ici c’est à
du véritable motocross que nous assisterons et qui mènera les coureurs depuis
une longue et large ligne de départ légèrement en dévers, tapissée d’herbe, à
de multiples ascensions et descentes à pourcentage varié, tout cela
entrecoupé de virages tracés sous tous les angles et semé de bosses, de crêtes
en diagonale principalement vers une montée qui nous rappelle, quoiqu’en plus
petit, le hill climb de Vienne Sittendorf
Des
barrières partout, des bottes de paille en suffisance, une bonne largeur générale
garantissent le déroulement sportif des courses comme la sécurité des coureurs
et des spectateurs, au surplus assurés de pouvoir suivre où qu’ils se trouvent
les évolutions des pilotes.
Jusqu’ici,
les Anglais n’avaient guère brillé dans le championnat du monde 1958, où seuls
figuraient au classement après les 3ers Grands Prix, Peter Taft 4pts, Smith et
Draper 3pts et B.Martin 2pts. Peut être était-ce la raison pour laquelle ils étaient
venus en force à Cassel ? Toujours est il que nous comptions 7
Britanniques au départ, et encore Taft (blessée aux 6 jours d’Ecosse) et
B.Martin n’avaient ils pu faire le déplacement. Cette importante équipe était
accompagnée de leur fameux mentor, le major Taylor.
Les
Belges n’avaient pas davantage lésiné sur leur représentation dirigée
par M.Vervloet : on dénombrait en effet, à côté des 3 hommes de base
que sont Baeten, Scaillet et Rombauts, 5 autres inters de qualité, bien décidés à appuyer les chances de leur leader.
Chez
les Suédois, seul manquait l acolyte de Lundin, Gustavsson, déjà défaillant en
Suisse, comme d’ailleurs le précédent. Enfin, un lot varié de coureurs en
provenance de l’étranger, parmi lesquels on retenait les noms du Hollandais
Clynk, et surtout ceux des envoyés de l’URSS, Sokolov et Ivanov, dont les
prestations étaient attendues avec une grande curiosité. Allaient-ils mieux faire
que leurs camarades Dezhinov et Pilaev, engagés l’an dernier Laguépie.
En
face de ces 27 étrangers, le clan Français se chiffrait à 8 partants, dont 5
pouvaient éventuellement obtenir un classement honorable, Robert et René Klym,
Chuchart, Jacquemin et Schmid.
C'est
bientôt l’heure de l’action : le départ pour la 1ère des 2 séries
prévues, qui qualifieront chacune 10 partants, après 15 tours de course.
Jeff
Smith est en tête du peloton libéré par le système électrique de départ feu
rouge-feu vert, ici complété par un feu jaune intermédiaire, qui donne le
signal de mise en marche des moteurs. Derrière lui viennent Ward, le Belge
Neri, le champion du Monde Nilsson, Archer, Johansson, etc…
Bientôt,
Smith fait le trou, tandis que les positions de précisent plus loin, Nilsson étant
déjà remonté à la 2ème place, devant Archer, Ward, Johansson, Neri
qui a du céder un peu de terrain, Cheshire, et notre représentant René Klym,
qui déploie toute son énergie à se cramponner en si bonne place.
Mais
hélas, Schmid et Jacquemin tournent en queue, victimes d’un sérieux accrochage
survenu lors du start. Dans la ligne droite extrêmement rapide, Rombauts avait
pris la tête, immédiatement suivi par Schmid, merveilleusement parti lui aussi :
malheureusement, le Belge se renversait en abordant la 1ère montée
du parcours, faisant tomber sur lui notre espoir placé beaucoup trop près pour
pouvoir éviter l’accident, et Jacquemin survenant alors (en bonne position lui
aussi) fournissait la 3eme victime de cette chute malencontreuse.
Rombauts du coup se foulait la cheville et Schmid se contusionnait mais reparti
courageusement devant Jacquemin, indemne.
La
course bien sûr continue, apportant un petit changement avec Archer qui échange
sa 3ème place pour
la seconde détenue par Nilsson, qui précède lui même Johansson, Ward assez
reculé, Cheshire qui maintient sa place, le Belge Cordonnier qui va très bien
aujourd’hui et tourne devant Neri qui na pas pu suivre le train imposé en tête,
et René Klym qui est maintenant 9ème et se qualifiera de justesse
devant un autre Belge Herman de Soete. Ivanov, le Soviétique termine 11ème.
Il
ne faudra qu’un tour à Draper, étonnement rapide sur le terrain de Cassel, pour
ravir à Baeten la 1ère place en seconde série. Et notre Anglais
prendra très vite une avance considérable tandis que Curtis, l’excellent
officiel Matchless, reviendra de la 3ème place pour ravir au Belge
la seconde place.
Scaillet
tourne en 4ème place et Lundin est 5ème ayant repris un
peu depuis le départ et se suffisant de maintenir un faible écart sur André
Chuchart, qui réduira la distance jusqu’à finir à une seconde du Suédois !
En
queue, Clynk, qui a chuté dans les premiers tours semble indifférent à la
position qu’il occupe, la 15ème, puis la 14ème, puis la 12ème,
en fin la 11ème, celle-ci jusqu’à l’avant dernier tour. Après quoi
le Hollandais volant se réveille, ouvre en grand, et saute d’un seul trait l’infortuné
Sokolov (qui y perdra sa qualification en finale) et le Belge Donnay qualifié
de justesse en 10ème position !
Source
et photos moto revue n°1393 / RCD