Sur
la lancée victorieuse de Maracay, Jean-Mi n’a donc pas loupé ce rendez-vous qui
lui tenait tant à cœur : meilleur temps lors des essais chronos (avec 2
secondes d’avances sur Johansson, tout comme au Venezuela). En première manche,
on a longtemps cru qu’il allait enfin mettre un terme à cette hégémonie US qui
s’abat sur Unadilla depuis 1982 (il faut en effet remonter jusque là pour
trouver le dernier Européen, en l’occurrence Van Der Ven, vainqueur d’une
manche).
Pour
ne rien vous cacher, on en rêvait même déjà de cette victoire. Imaginez le
tableau : JMB terminant devant Johnson, sur un terrain entièrement acquis
à la cause du King Hannah. Impossible d’imaginer de plus belle victoire…Mais
Jean-Mi a coincé et ce diable de RJ ne l’a pas loupé : « c’est Postema
qui m’a littéralement cassé le rythme. Sans cela, j’étais tout près de creuser
définitivement le trou avec Johnson. A cet instant (peu avant la mi-course) je
me suis brusquement effondré d’un coup
Bonjour le coup de pompe, j’en pouvais carrément plus, comme cloué sur
place. Mal aux bras, au dos…la complète, quoi ! » Mais d’esquisser un
sourire en lançant à la ronde : « les autres n’ont pourtant rien
compris. Ricky et moi n’étions pas dans la même course, hein ? »

RJ va passer JMB
Et
JMB de réussir dans la foulée son second départ pour boucler le premier tour
dans le sillage de VDB et de RJ. Joie d’autant plus grande dans le camp
français, qu’imitant bientôt l’officiel Honda-US, Jean-Mi doublait à son tour
le Hollandais peu avant la 15è minute. Et si Johnson payait maintenant ses
efforts de tout à l’heure ? Encore eût-il fallu pour cela que le
Manosque’s kid ne se mette pas immédiatement au tas, se faisant redoubler par
VDB, puis par Tichenor. Cependant, reparti le couteau entre les dents à la
poursuite du jeune officiel Suzuki (qui n’allait d’ailleurs pas tarder à chuter
violemment), Jean-Mi marquait pourtant un nouveau temps d’arrêt, semblable à celui de tout à l’heure : « là j’ai su que c’était fini, que je ne
reviendrais plus sur les deux hommes de tête. A partir de ce moment là , je n’ai
plus insisté et c’est passablement détruit que j’ai terminé la manche… Enfin je
suis quand même content de ma journée. Surtout de la manière dont j’ai roulé en
première manche. En seconde, après avoir passé De Berk, j’ai voulu trop vite
attaquer Ricky, voyant qu’il ne roulait pas super bien. Je suis alors tombé, de
ma faute. Je réalise malgré tout une bonne opération au classement provisoire
et c’est le principal ».
Déçu,
cependant, de ne pas avoir encore terrassé, l’homme qu’il s’est toujours juré
de battre un jour : Mister Ricky Johnson ? Et de partir d’un immense
éclat de rire en me lançant en aparté : « il fait vraiment chier
ce gros con ! » Venant de sa bouche, et avec l’interprétation toute sudiste
de cette boutade, c’est assurément le plus beau compliment que JMB pouvait
adresser à RJ. Aujourd’hui, le maître a encore terminé devant l’élève, mais à quand le revanche ?
Johnson
est-il un surhomme ? Cette question peut vous paraître complètement
déplacée, mais avouez qu’il y a quand même bien lieu de se la poser. Main
droite dans le sac depuis Gainnesville (5 mars – luxation/entorse des os du
carpe avec opération à la clef et pose de broches) l’usage qu’en fait Ricky
depuis son come-back est tout bonnement IN-CROY-ABLE ! En effet, d’après Alain
Bergès, le kiné des Bayle : « limité comme il est en flexion, d’où un
handicap important pour la moto, il faut en vouloir à mort et être très, très
bon pour rouler dans de telles conditions. Interdiction absolue, bien sûr de
retomber dessus ».
Malgré
cela Johnson gagne…Encore et toujours ! Les trois catégories (125, puis
250 et 500) à Mamooth Mountain pour sa véritable rentrée sur le devant de la
scène. Puis dimanche dernier, il termine troisième du 250 Outdoor à Buchanan
(derrière Stanton, mais à égalité avec Ward). Et aujourd’hui il signe un doublé
imparable à Unadilla remportant ainsi son quatrième GP des USA d’affilée (un
500 puis trois 250).
Qu’ajouter
de plus ? Dans ces cas-là, seul l’intéressé étant à même d’exprimer
véritablement ce qu’il ressent, laissons lui la parole : « en
première manche, je me suis d’abord appliqué à ne pas trop me laisser distancer
par Bayle, sachant qu’il ne pourrait pas tenir son rythme infernal jusqu’au
bout. Une fois l’orage passé, j’ai essayé de nouvelles trajectoires et je suis
revenu vite sur lui avant de le passer. Ma main m’a un peu gêné sur la fin mais
la douleur était encore supportable. Côté condition physique en général, je ne
suis même pas fatigué grâce à l’énorme travail de fond que j’ai effectué lorsque
j’étais encore plâtré. Mais que d’étapes parcourues en quatre semaines !
En effet lorsque j’ai repris la moto, j’étais tout juste capable de gagner la
catégorie Vétérans sur le circuit de Carlsbad et voilà que je bats ici
Jean-Michel Bayle, le pilote n°1 du mondial 250. Voilà qui donne tort à mes
détracteurs – qui commençaient à faire de Stanton l’incontestable nouveau n°1
-, lesquels pensaient bien haut : oh, Ricky, c’était un pilote rapide mais
ce temps est maintenant révolu…
Désolé,
messieurs, je ne suis pas encore mort ! A 100% de ma forme, sur n’importe
quelle piste du monde, je ne crains personne. Je suis le meilleur… »
Actuellement
y a-t-il encore quelqu’un pour pouvoir oser prétendre le contraire ?
Certainement pas nous…
Voici
le résumé des courses :
La
pole est signée JMB en 2’20’’123 devant Johansson (décidemment très véloce aux
chronos) 2’22’’024, puis VDB 2’22’’769 et RJ 2’23’’021.

Peter Johansson deuxième de la pole
Superbe
holeshot de JMB qui devance Johnson, Van de Berk et O’Mara. VDB disparaissant
rapidement sur problème d’allumage, le tandem JMB-RJ fait le trou. O’Mara est
seul troisième.
Gêné
par des attardés, autant qu’asphyxié par son formidable début de course, Bayle
cède le commandement à Johnson lors de la 24è minute de course. Viennent
ensuite : O’Mara, Vehkonen, Johansson, Smith et Van Doorn.
La
fin de course se déroule sans problème pour Ricky, qui l’emporte avec 23
secondes d’avance sur Jean-Mi. Vehkonen hérite finalement de la troisième
place, O’Mara tombant en panne d’essence dans le dernier tour.
En
deuxième manche, au tour de VDB de réussir la meilleure envolée, devant Johnson
et Bayle. Durant trois tours, John, Ricky et Jean-Mi restent dans cet ordre.
Johnson double alors De Berk, bientôt imité en cela par JMB, lequel se répand
aussitôt et repart 4è, derrière RJ, le Hollandais et Tichenor.
A
mi-course, JMB est revenu 3è, Tichenor ayant disparu sur chute. Dymond vient de
doubler Vehkonen pour la quatrième place.

Pekka Vehkonen, troisième du GP reste au contact de JMB au général
Profitant
d’une chute de Johnson, De Berk hérite momentanément du leadership à deux tours
de la fin. Pas pour bien longtemps, VDB chutant à son tour devant le forcing de
RJ. L’Américain gagne donc avec 11 secondes d’avance. Sur l’officiel Yamaha et
34 sur JMB, qui termine bien fatigué.
Voici
le classement du Grand Prix :
Source
et photo : moto revue n° 2904 P.Boulland