Pour les Grands Prix, à l'époque, la Fédération n'avait pas fait de distinction entre les pilotes inter-experts et les pilotes nationaux. Si on en effectuait la demande, on pouvait participer aux Grands Prix, d'où ma plaque avec un B. J'étais donc allé au Grand Prix d'Autriche en 1958 avec Paul Godey. Comme lui, ce jour là, je roulais pas mal. Il avait terminé quatrième du Grand Prix 500cc ! J'aurais pu faire comme lui, je tournais bien ! Mais cela ne s'est pas déroulé comme je l'aurais souhaité ! Je me souviens sur ce circuit, il y avait une montée en paliers qui étaient très cassants. Le circuit était tracé dans une prairie avec du dénivelé. Plusieurs pilotes avaient cassé dans cette montée, alors que je m'y sentais plutôt bien.
Seulement lors d'un tour, j'étais arrivé presque tout en haut et il ne me restait plus qu'un ou deux paliers à franchir, mais je suis tombé. Je n'avais plus de traction, donc j'ai fait demi-tour, je suis descendu pour remonter et essayer de franchir cette montée. Mais la moto s'est arrêtée aussi, comme celle d'autres coureurs.
J'ai cassé la cloche d'embrayage. Cette partie était compressée avec des crans et des pastilles Ferodo. Il y avait deux plaques l'une contre l'autre qui permettaient de faire une épaisseur. Pour faire le lien et tenir tout cela, il y avait des soudures électriques. Ce sont ces soudures qui ont cédé et qui ont cisaillé tout l'embrayage ! Adieu le beau classement ! Je me souviens du commentaire de RCD dans la presse : "triste exhibition du jeune Dugas". J'étais déçu, mais Mme Godey m'avait remonté le moral en me disant : "heureusement il parle de vous !". Après coup, j'avais expliqué à RCD que je ne voulais pas abandonner dans cette manche !