Q : Quels sont
vos premiers contacts avec le motocross ?
R : En 1955,
j’avais été voir un motocross à Bordeaux et ça m’a plu. A l’époque je
travaillais, j’étais pâtissier et j’avais une Alcyon de route.
Q : Quelle fut
votre première compétition ?
R : C’était Ă
Cenon à côté de Bordeaux. J’avais enlevé
les garde-boue et les caches de ma moto de route, une Alcyon 250 ! Ma
deuxième course eut lieu à Jonzac. Je suis tombé dans le bas d’une descente, la
fourche était passée sous le moteur.
J’ai attendu la fin
de la saison sans courir car je n’avais pas assez d’argent pour la
réparer. Puis Georges Delpeyrat a racheté ma moto pour finir sa saison, car il
avait vendu son NSU/OSL et il lui restait trois courses Ă faire.
Q : Et après
tout s’enchaîne ?
R : Oui !
Jacques Boisserie qui avait commandé une 350 Royal Enfield me l’a ensuite
revendu. J’ai roulé avec pendant 2 ans. Puis j’ai acheté une 350 BSA. Elle a
appartenu rapidement Ă Paul Godey qui
l’avait fait préparé à l’usine spécialement, mais après il n’en voulait
plus, car c’était un petit cylindre et les nouveaux modèles avaient des
ailettes plus grandes. C’est René Combes qui me l’avait vendu. Pareil, j’ai roulé
avec pendant 2 ans. Elle fonctionnait bien. Puis un jour la bielle s’est
ouverte. Je l’ai réparée, mais elle ne marchait plus aussi bien
qu’auparavant !
Puis j’ai acheté
une 500. Avec Georges Delpeyrat, on a fait fabriquer des cadres chez Tancho Ă
Saintes que l’on avait équipé de moteurs Triumph et de boîte BSA.
Ensuite j’ai monté
une Bitza : partie cycle Rickman propulsée par un moteur Triumph avec un cylindre spécial, plus
important que celui d’origine, une boîte BSA, une fourche Marzocchi, des freins
double cames Norton prélevés sur une Norton de circuit de vitesse.
J’ai accédé à la
catégorie Inter en 1960 après ma troisième place en National 500 en 1959, mais
ce fut une mauvaise saison et je suis redescendu en National

Licences Inter de Rémo Mosconi
Q : Quel est
votre palmarès ?
R : Je suis
champion de France 500 National deux fois, en 1962 et 1965. Entre temps je suis
monté en catégorie Inter, mais je n’avais pas la condition. Je ne tenais que
30-35 minutes, puis je m’effondrais.
Q : Avez-vous
eu des retombées après vos titres ?
R : J’ai eu de
l’aide de la part d’un fabricant d’huile : Hafa.
Q : Avez-vous
roulé en Grand Prix ?
R : Oui en
Allemagne, Italie et Belgique. C’était en 1966.
Q : Comment
vous déplaciez-vous ?
R : J’avais
une voiture et une remorque. Mais au début, je voyageais en train avec ma moto
en bagage accompagné ! J’avais une valise d’outils posée sur le guidon et le
réservoir et mon sac à dos avec mes affaires. Puis au terminus, j’allais sur le
circuit en échappement libre !
Il m’est arrivé
aussi de voyager en side-car Indian d’un ami. Nous avions installĂ© un plateau Ă
la place du panier du side pour charger la moto et moi j’étais assis sur le
garde boue arrière de l’Indian !
Par la suite j’ai
acheté une Citroën 15.
Je partais en début
de week-end et je rentrais dans la nuit avant de retravailler le lundi matin.
Je me déplaçais
souvent aussi avec Jean Thiarcelin et « Jojo » Delpeyrat.
Q : Quel
métier exerciez-vous ?
R : Mille
métiers, mille misères !
J'ai commencé comme j’étais pâtissier, puis j’ai exercé
beaucoup de métiers : cordonnier, livreur, magasinier, taxi (comme cela j’étais maître de mon temps
pour m’occuper de ma moto et de faire les déplacements pour les courses).
J’ai eu un magasin
de parfums que ma femme tenait et je continuais toujours le taxi et les courses.
En 1972 j’ai crée
la concession BMW et KTM Ă Bordeaux, que j’ai gardĂ© 19 ans. Et j’ai participĂ© Ă
de nombreux Enduro et je suis passé Inter. Pendant cette période je suis resté
en contact avec un client du magasin, Franck Allard de chez AMV. Nous nous occupions
des dossiers de motos volées, de l’organisation de sorties pour les clients
avec l’aide de Christian Roque (l’ancien concessionnaire Honda de Bordeaux) et
aussi de l’assistance lors de rallyes raids. Nous avons fait plusieurs rallyes
de l’Atlas. Nous avions un camping car, mais les pilotes dormaient dedans et
nous dans les tentes !
Plus tard, j’ai
racheté l’entreprise de Rémy Julienne. Je l’ai gardée cinq ans et Rémy était
directeur technique. Pour des raisons de santé, j’ai tout arrêté en 2001.
Maintenant je me
porte bien, je ne fais plus de moto, mais j’ai un bon groupe d’amis autour de
moi !
Q : Quels
étaient vos points forts ?
R : Les
départs, la vitesse et les sauts.
Q : Quels
étaient vos circuits favoris ?
R : Je
préférais les circuits difficiles aux circuits rapides. Là où il y avait de la
technique.
Q : Comment
avez-vous été amené à effectuer des cascades dans des films ?
R : Je
connaissais Rémy Julienne sur les courses bien sûr. En 1967, on avait une
course à Arbis. Il me dit : « je vais réaliser une cascade en Espagne
pour un film ». Et nous y sommes allés tous les deux. Sur le tournage il y
a euun souci avec le metteur en scène.
Nous n’avons pas réalisé la cascade tout de suite. Nous sommes restés un mois,
mais nous avons tourné des scènes en tant que figurants !
J’ai travaillé
quatre ans avec Rémy puis j’ai décidé de me poser un peu en 1971.
Q : A combien
de films avez-vous participé ?
R : 30 ou 40
films environ. Aux Etats-Unis, en Italie.
Q : Quels sont
les plus célèbres ?
R : Le casse
avec Omar Sharif, le mur de l’Atlantique, Cosa Nostra, de la part des copains,
l’or se barre (ou Italian job), un homme à respecter, Etorre lo fusto, où est
passé Tom ?
J’ai tourné des
publicités pour les ceintures Gibaud ou la Fiat 127.

Rémo Mosconi sur le tournage "Casse" Avec Bébél et O.Sharif
Q : Auriez-vous
aimé tourner la cascade de la Grande Evasion?
R : Oui. Cela
ne m’aurait pas posé de problème ! On m’appelait le motard volant !
J’allais haut et loin !
Q : Quelle est
votre meilleure course ?
R : Il n’y a
que des bonnes courses ! Je me souviens surtout c’est que les soirs de
course, nous mangions tous ensemble au repas des organisateurs ! On
n’avait pas de karcher pour nettoyer le moto ou trois tenues de rechange. Au
début, je courais en bleu de travail avec des bottines ! Pendant
quelques années nous étions obligés de faire fabriquer des pantalons et bottes
en cuir à Toulouse car ces équipements n’existaient pas dans le commerce.
Q : Aviez-vous
une ou des idoles?
R : Non. Lors
de ma première course en tant que spectateur, je ne connaissais personne, mais
je me suis dit c’est ça que je veux faire !
Q : Etait-ce
une bonne époque ?
R : Ah oui. Je
me souviens des bons repas que l’on faisait dans le parc. Je campais souvent
avec René Dugas. C’était l’époque où l’on se disait à la semaine prochaine !
Je voudrais
remercier les Darrouy. A l’époque je n’avais que des moyens empiriques pour me
déplacer et si mes courses se situaient dans les environs de Toulouse, ils me
prenaient en passant Ă Bordeaux. Et attendant la course du dimanche, ils me
donnaient le gîte et le couvert et je faisais mon possible pour les aider dans
le courant de la semaine.
Palmarès
Champion
de France National 500 en 1962 et 1965
5
Fois Champion de Guyenne de motocross
2è
des championnats de Guyenne de lutte gréco-romaine en novice

Photos :
Archives R.Mosconi avec son aimable
autorisation