Grand Prix France 1965 250cc (3/3)

    Grand Prix France 29/07/2014

    Fin du duel Arbekov-Robert

    Rédacteur : L'archiviste



    Cette
    fois, nous sommes placés bien à l’avance au bon endroit, car le second départ
    va revêtir une importance capitale : Robert et Arbekov sont si près l’un
    de l’autre que la décision finale peut ne tenir qu’à un start. Il y a quelques
    abandons, dont ceux de Valek et Dobry, les officiels Jawa. Chez les Français,
    tout le monde repart : Cervone a ressoudé son guidon, Gilles Portal a
    vérifié sa chaîne !





    Dans
    le grand virage à gauche, la situation apparait imprécise, Robert et Arbekov
    surgissent en mauvais position, se dégagent, passent en avant et c’est le
    Soviétique qui monte le premier la petite butte, s’assurant quelques mètres
    d’avance sur le Champion du Monde avant de plonger littéralement dans le grand
    trou.





    Cela
    va vite, très vite (20 tours seront effectués dans chaque manche, alors que,
    dans les mêmes conditions, les concurrents du Grand Prix de France 500cc n’en
    avaient fait que 18 en 1963 !). Derrière Arbekov et Robert, Bickers est à
    nouveau troisième, devant Clough, Hallman, Dezhinov, Marcel Wiertz, Draugs
    revenu déjà de fort loin, le vaillant et si brillant petit Espagnol Pedro Pi,
    Blomqvist, Pilar, Anderssen, Jonsson attardé, l’autre Norvégien Johnanessen,
    l’Allemand Otto Walz et notre Champion de France Clérici. Les autres Français sont
    alors vingt-deuxième (Pilati), vingt-troisième (Gilles Portal), vingt-quatrième
    (Sauton), vingt-sixième (Denis Portal) et vingt-septième (Cervone). Storm
    figure parmi les « bons » attardés (vingt et unième), juste derrière
    Yakovlev et sa « Kovrovets » soviétique.





    Trois
    tours passent. Arbekov augmente peu à peu son avance, qui reste encore du
    domaine du rattrapable mais qu’attends donc Robert ? Hallman attaque
    Clough et lui prend la quatrième place, tandis que Jonsson passe de son côté
    sept adversaires en si peu de
    temps !





    Pilar
    aussi remonte, devant Blomqvist. Et Yakovlev emmène sa 250cc soviétique (née de
    la DKV et, aujourd’hui pourvu d’une fourche et d’un embrayage CZ) de la
    vingtième à la quatorzième place. Et les français ne s’endorment pas tous :
    Gilles Portal, initialement vingt-troisième, domine 6 adversaires et passe même
    Clérici. Pilati et Cervone commence pareillement à refaire du terrain.




    Gilles Portal




    Au
    sixième tour, après Storm et quelques moindres valeurs, Bickers s’arrête et
    abandonne : ennuis avec sa tubulure d’alimentation (sûr les
    vibrations !). Clough en profite pour le remplacer à la troisième place,
    derrière Arbekov qui augmente toujours son avance et Robert qui, quoique
    tournant également très en avant du restant, ne réagit pas devant la fuite du
    Soviétique !





    Et,
    à son tour, Alan Clough casse. Griffiths n’étant pas reparti, ni Bickers qui
    pouvait réparer, il n’y a plus aucun officiel Greeves en piste !





    On
    parvient à la mi-course : Arbekov a fait le trou et s’en va vers la
    victoire tournant avec une rapidité folle, faisant frémir les spectateurs qui
    n’en croient pas leurs yeux ! Joël Robert parait résigner à demeurer
    second. Il va vite lui aussi, vire en un style impressionnant mais perd du
    temps sur le leader à chaque tour !





    Aucun
    autre concurrent n’est dans la course. Le troisième, Hallman, est déjà
    surclassé et semble plutôt mener une autre épreuve, devant Draugs, Pilar,
    Blomqvist, Jonsson, andersson, Wiertz, tous en bagarre entre eux. Enfin, une
    troisième course se déroule en arrière, avec Yakovlev, Walz, Pi, Dezhinov,
    notre merveilleux Pilati remonté de huit places en deux tours, Sanchez, Denis
    Portal très remonté lui aussi, Bulto, Cervone qui revient également fort, Clérici,
    lui a reculé, comme Gilles Portal.





    Pour
    Victor Arbekov, la cause est entendue : il va trop vite et son avance
    augmentera jusqu’àl’arrivée qu’il passera en triomphateur. Joël Robert,
    second, gardera cette place et terminera avec 25,5’’ de retard sur le
    Soviétique (rien à faire, nous dit-il plus tard, il était plus fort que moi et,
    souffrant des mains après la première manche, je n’ai pas pu suivre le rythme
    qu’il imposait).





    Par
    contre pour les autres, la seconde partie de la course détermine encore des
    changements. Draugs, terminant fort, s’assure la troisième place, entraînant
    avec lui Pilar et Blomqvist qui relèguent Hallman derrière eux. Yakovlev ayant
    refait treize places en tout, s’assure la septième position devant Andersen,
    Walz, Dezhinov qui a rejoint le second groupe où figure encore Jonsson et
    Pilati, revenu en tout de dix places (il faut le faire), dans une telle
    course !).




    Otto Walz




    Enfin
    dans le troisième groupe, les Espagnols ont pris l’avantage avec dans l’ordre
    Sanchez, Bulto, Pi devant Clérici très combattif sur la fin, Johannessen,
    Moeller, Cervone qui a refait huit places.





    Avec
    deux des trois Grand-Prix courus à son actif, avec sa démonstration de
    Saint-Quentin, Arbekov nous amène à nous poser cette question : son
    foudroyant début dans le Championnat du Monde 1965 est-il dû, pour une part, au
    fait que Joël Robert n’a pas encore retrouvé la fantastique cadence qu’il a
    soutenue en 1964…ou bien l’as moscovite a-t-il surpassé cette cadence et, après
    le prodige belge, nous apporte-t-il le super-prodige soviétique ?





    Certes,
    après trois Grands Prix (sur 15 au total) rien n’est dit. Mais néanmoins, nous
    pencherions vers la seconde hypothèse. Arbekov a 23 ans, n’a derrière lui que
    trois années de pratique et ce n’est guère que depuis 18 mois qu’il s’est fait
    connaître sur le plan international. Son rythme, son style traduisent donc un
    champion-né, un phénomène comme Joël Robert en est un par ailleurs.





    Seulement,
    pour Arbekov, les conditions ne sont pas les mêmes. Il est soviétique, c’est un
    service patriotique qu’il accomplit en tentant de remporter le premier titre
    mondial qui ira peut-être en Union Soviétique du point de vue motocycliste. Et
    vous pouvez nous en croire, ce ressort-là est, pour Arbekov, un fameux facteur
    de volonté dans le désir de vaincre !





    Joël
    Robert, bien sûr, n’a pas dit son dernier mot. Il peut encore assurer ses
    chances de conserver son titre mondial mais, ce qui nous parait moins évident,
    c’est qu’il puisse en tout cas parvenir à ce résultat d’ici juillet, pour
    ensuite tenter comme prévu cet hiver de remporter le titre mondial en 500cc,
    accomplissant ainsi un exploit unique dans l’histoire du motocross. Victor
    Arbekov ou Joël Robert ? Ou encore Arbekov en 250cc et Robert en
    500cc ? Toujours des hypothèses, mais qui, de toute manière, assureraient
    la suprématie de CZ sur toutes les autres marques sportives ! Il faut
    attendre quelques Grands Prix de plus pour vérifier cela !





    Pour
    une fois, nous ne sommes pas rentrés d’un Grand Prix de France avec, au cœur,
    la déception habituelle d’y avoir vu la France totalement ridiculisée. Nous
    devons cela au jeune Marseillais Johnny Pilati qui a obtenu un classement
    parfaitement enviable et, en plus encore, a lutté très joliment avec des
    adversaires expérimentés pour parvenir à ce résultat flatteur.





    Il
    faut continuer, Johnny, il faut faire maintenant beaucoup de courses dures et,
    dès 1966 essayer quelques Grands Prix à l’étranger. Ce ne sera pas du temps
    perdu ! Clérici, certes, nous a un peu déçus. Reconnaissons toutefois que,
    montant une Bultaco en place de son habituelle HVA, il ne s’est pas trouvé à l’aise.
    Mais pourquoi, justement changer de marque à l’occasion d’une épreuve aussi
    importante ?




    Un aspect du duel Clerici-Bulto




    Gilles
    Portal, Cervone sont encore à retenir. Ils ont eu des malheurs, ils ont tout à
    apprendre mais ils sont jeunes et prometteurs. Eux aussi devraient travailler
    leur métier dans les grandes épreuves. Denis Portal s’est sans doute ressenti
    de son accident de Cognac, la semaine précédente. Il est difficile de le juger
    sur cette course mais sans doute doit-il encore beaucoup travailler. Quant à
    Sauton, il a cassé à l’entrainement, dans la course encore mais a fait tout son
    possible pour terminer courageusement.



    Voici le classement :








    Source
    et photos Moto Revue n°1738 RCD



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