Grand Prix Suède 1962 250cc (1/2)

    Grand Prix Europe 18/11/2013

    Franck Lucas s'enfonce dans le nord de l'Europe

    Rédacteur : L'archiviste





    Enkoping,
    c’est une petite ville à proximité de Stockholm, beaucoup plus au nord que les
    circuits que nous avions jusque là visité en Suède. Mais ce n’est pas à cette
    position géographique que nous avons dû de rencontrer là bas, le froid et la
    pluie, car, en réalité, dès les premiers kilomètres, les circonstances atmosphériques
    se sont résolument montrées hostiles et les 2 500 km du voyage accompli
    par notre méridional Lucas ne lui ont guère laisse le loisir d’abandonner le
    bouton de l’essuie-glace que pour saisir un mouchoir !





    Lui (et nous-même)
    aurions pourtant bien mérité que cette entreprise soit à l’origine de quelques
    bons souvenirs. En effet, il avait fallu beaucoup de persévérance de notre coté,
    beaucoup d’esprit sportif chez notre coureur pour que la France fut présente à cet
    avant dernier Grand Prix du Championnat du Monde de la petite cylindrée.





    Figurez-vous
    d’abord, que l’engagement de Lucas à Enkoping n’a pas été obtenu facilement.
    Nous avions bien écris, 3 mois avant le déroulement de l’épreuve, mais ce ne
    fut qu’à 2 semaines du grand jour que nous avons été avisés d’un refus sous le
    prétexte que le plateau était complet.





    Naturellement,
    nous nous sommes fâchés ! Pour deux excellente raisons ! D’abord, si la
    candidature avait été prise en considération quand elle est parvenue aux
    organisateurs, ceux-ci n’auraient sûrement pas pu répondre qu’ils n’avaient
    plus de place ! Ensuite, nous n’avons pas voulu admettre que notre pays,
    qui a reçu pour son compte 4 Suédois à Saint-Quentin et 7 à Pernes-les-Fontaines
    se voit interdire la participation au GP de Suède du seul de ses coureurs classé
    au palmarès (avec les 2 points conquis au GP d’Espagne).





    Conséquence
    de notre intervention (mécontente) auprès de M. Gulberg, secrétaire général de la SVEMO et de notre excellent
    ami le Baron Eric Von Essen, président de la dite, l’engagement de Franck Lucas
    fut enfin accepté, télégraphiquement, au tout dernier moment.





    Mais n’allez
    pas penser qu’une affaire si mal engagée allait désormais se poursuivre sans
    plus de complications. Outre Lucas, nous avions prévu un second coureur, spécialiste
    de la petite cylindrée, amateur d’épreuves à l’étranger et qui nous avait lui même
    demandé à aller en Suède, contrée si coûteuse à atteindre qu’on imagine mal un
    seul coureur s’y rendre pour 500 NF de prime de départ !





    Or, devinez
    ce qui s’est passé, après que nous ayons adressé à ce crossman son bulletin d’engagement
    et toutes les instructions nécessaires pour effectuer le déplacement de concert
    avec Lucas ? Eh bien ledit pilote nous a carrément laisse tomber !
    Comprenez bien : il n’a pas renvoyé à la SVEMO le bulletin d’engagement à son nom et il
    n’a pas davantage retourné à notre adresse ce document, nous empêchant par la même
    de nous retourner vers un autre coureur à la fois pour honorer notre contrat
    moral avec les organisateurs suédois et pour rendre le voyage moins onéreux en
    ce qui concernait Lucas !





    Nous avons
    donc appris la carence de notre second candidat qu’au moment de partir, alors
    qu’il était trop tard pour faire quoi que ce soit. Par chance, Lucas, lui,
    avait tenu tout de même à respecter sa parole, sinon, après toute cette
    histoire avec la SVEMO,
    nous aurions eu bonne mine !





    Franck Lucas est bien là ! (au centre) entre Helmbold, Friedrichs et Jansen, Robert

    Apres toutes
    ces péripéties, en dépit des intempéries, nous avons tout de même découvert
    dans le creux d’un après-midi, les plaques indicatrices informant le voyageur
    qu’il entrait dans Enkoping. Enfin pensions-nous, les bons moments approchent.
    A vrai dire, il pleuvait toujours, mais nous touchions au but et, nous
    souvenant des brillantes organisations de Knutstorp, de Malmö, nous nous réconfortions
    d’avance en songeant à tout ce qui nous attendait de grand, de bon, de
    beau !





    Pourtant,
    bien qu’assures d’être à Enkoping, nous n’étions, hélas pas au bout de nos
    peines. Car il fallait trouver le circuit, qu’aucun signe n’indiquait en ville,
    qu’aucun fléchage, aucune affiche, aucune banderole ne matérialisait (non plus
    que l’organisation elle-même) à nos regards.





    De long en
    large, nous rodions donc à travers la ville, guettant le passant susceptible de
    nous renseigner, à supposer qu’il parlât cette langue anglaise, moins connue en
    Suède qu’on tend à le croire ici ! Une voiture française devait finir par
    attirer notre attention et, après une demi-heure de patrouille en ville, nous
    fumes diriges vers la piste, vers un chemin étroit, boueux, sinueux, où Lucas
    devait le lendemain, laisser l’antenne radio de son véhicule en tribut aux
    basses branches de la végétation ambiante !





    Pourquoi
    diable, d’ailleurs, voulions-nous voir la piste, comme aussi les coureurs
    belges ? Pourquoi, puisque aucun entraînement n’était prévu le samedi,
    puisque le circuit, encore dépourvu de tous ses aménagements, n’était ni fermé,
    ni gardé ?





    Rêvions-nous ?
    S’agissait-il du Grand Prix de Suède ? Oui, pourtant, mais d’un Grand Prix
    dont le niveau, nous devions le vérifier par la suite, pouvait difficilement se
    situer, d’un point de vue général, au niveau de nos bonnes épreuves
    nationales !



    Sivert Ericksson, un des nombreux suédois qui se sont taillés la part du lion



    Pas
    d’affiches sur les routes, pas de signalisation, des installations embryonnaires,
    terriblement insuffisantes en raison du mauvais temps, pas de service d’ordre,
    pas de mesure de protection, pas de bureau de la course en ville, personne
    pour se soucier des étrangers, dans un pays où la moindre erreur d’appréciation
    vous conduit à payer le bifteck-frites 11 Nouveaux Francs et une chambre pour
    deux 35 Nouveaux Francs au bas mot !





    Nous
    n’inventons rien : le club organisateur n’avait évidemment pas la moindre
    idée de ce qu’on désigne ailleurs sous le nom de Grand Prix et ce que nous
    avons vu, vécu, nous permet encore mieux de comprendre pourquoi les crossmens
    suédois sont si ardents à l’idée de courir hors de chez eux !





    Gentils,
    tous ces gens, bien sûr. Mais ce n’est pas avec cela seulement qu’on fait une
    grande épreuve, une épreuve capable de marque d’un bon souvenir le passage
    d’un étranger ? Assurément pas !





    Toujours est-il
    que nous avons rembarqué, que nous avons cherché nos chambres, puis un
    restaurant et que, la poche plus légère, l’estomac tout juste garni (pensez
    donc à ce prix !) nous sommes allés demander à la nuit l’oubli de nos déceptions.







    Source et
    photo moto revue n°1393 / RCD





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