Ettelbrück
est un circuit spécial : une montée et une descente vertigineuses, de la
prairie, un peu de sous-bois, du pilotage, cette fois-ci les deux stars vont
pouvoir se livrer à fond (au micro à Namur, ils avaient avoué tous les deux
n’avoir pas voulu prendre de risques ; compte tenu de la dangerosité du
circuit…).
Grosse
averse samedi en fin d’après-midi, et Lackey rit !...Mais dimanche il fait
beau (là c’est Malherbe qui rit. De toute façon, il est incroyablement déterminé,
sûr de lui). Le grand moment est arrivé. Un point entre les deux hommes, en
faveur de Malherbe. C’est tout et rien ! La tension est fantastique au
bout de la ligne droite de départ. Brad (meilleur temps des essais) a choisi –
comme il aime à le faire – une extrémité : l’extérieur. Dédé est à sa
gauche, Roger entre les deux. Le choix était bon, à condition d’être en tête au
bout. Mais c’est De Coster qui vire le premier ! Accrochage à l’intérieur
(Mayes chute), Van den Broek fait un écart, Lackey est dans la barrière. Le
temps de reculer et la Kawa
repart avant dernière !
Voici ce qu'ils ont vu de Roger après le départ !
Malherbe,
lui est sixième, derrière De Coster, Vromans, Van den Broek, Schmitz et
Carlqvist. C’est joué, du moins c’est ce que tout le monde pense. Premier
tour : les voilà, les premiers, dans le même ordre. Quoi ? Déjà
Brad ? !! On l’attendait dernier ou presque, mais Lackey a doublé
quatorze type en un tour ! Jamais vu ça. Par paquets qu’il les avale.
Chouette, la course n’est pas finie comme on l’avait craint !
Tour
suivant, la Kawa
passe douzième. Les cœurs battent, aussi bien ceux des supporters de Malherbe
(majoritaires) que ceux de Lackey, que ceux qui s’en foutent mais veulent voir
une belle course. De beaux gestes dans le peloton : Carlsson, Reinbold
s’écartent en sentant Brad derrière eux, ils ne veulent en aucun cas perturber
ce duel de titans qui se prépare. Car Malherbe semble long à prendre son
rythme, et a éprouvé du mal doubler les Maïco boys (Van den Broek et Schmitz)
que d’habitude il laisse sur place (des rumeurs circulent comme quoi il serait
fiévreux et aurait passé une très mauvaise nuit). Et devant le Belge, Carlqvist
ne fait pas de cadeaux : Vromans est deuxième, et il reprend donc quelques
points pour cette fameuse troisième place au championnat.
Lackey
remonte toujours : Bruno, alors sixième aux trousses des Maïco, vient de
chuter deux fois de suite. Un de moins. En quelques tours, les Maïco sont elles
aussi avalées.Objectif : cette
Honda, la bas, pas très loin ! Mais Dédé a pris sa cadence, et il passe Carlqvist…Troisième,
il reprend donc quatre points à Lackey, à condition que Carlqvist tienne !
Plus que deux tours : Brad reprend 50 mètres par tour à Carla, il est à
ses fesses. Quelle course fantastique vingt dieux !
Même
raisonnement que tout à l’heure pour Malherbe : Hakan ne laissera pas
passer la Kawa,
c’est sur. Mais le ricain est si fort ! Et pourtant, il flanche :
tentant le tout pour le tout, il glisse dans le dernier tour, et prend 200
mètres de retard. Il faudra donc qu’il mette tout à l’heure trois hommes entre
lui et Dédé, impossible sauf casse ou chute…D’autant qu’il y a ce foutu
Roger ! Quel fantastique pilote, celui-là. A 36 ans bientôt, il a mis la
valise à tout le monde…et ce n’est pas fini.
Brad
s’est déplacé à l’extérieur, mais cette fois-ci, il a coupé tout droit sur la
corde, seul Roger D. est encore une fois devant !
Derrière
Van den Broek…et Malherbe ! Bruno a chuté et repart absolument dernier.
Premier tour : l’Américain a bouffé du lion, il passe en tête. Mais Dédé
est troisième….Second tour, surprise : Roger est seul, 200 mètres devant
les deux vedettes roues dans roues ! Carlqvist quatrième se rapproche,
Vromans est plus loin, avec Rond. Ils abandonnent d’ailleurs tous deux très
vite. Devant, pas de soute, il se passe des choses bizarres…Carlqvist a passé
d’un seul coup la Kawa
et la Honda,
qui sont toujours roues dans roues, 200 mètres derrière (en un tour !...)
Malherbe
passe. Tour suivant, au bout de la ligne droite, Lackey arrive comme une fusée
d’une trajectoire différente. Il y a une ornière dans le virage. Gare au
contact ! Mais non, Malherbe laisse ostensiblement passer la Kawa…pour le repasser au tour
suivant !
Un aspect du duel Malherbe-Lackey
Visiblement,
des choses pas catholiques du tout se déroulent dans les portions les moins
«peuplées » du circuit. On a vu Brad «balancer»
littéralement sa roue arrière dans la
Honda en lui faisant l’intérieur, Dédé pratiquement s’arrêter
en le narguant dans la grande descente (c’est là que Carlqvist les a passé tous
les deux d’un coup), Brad prend une – ou plusieurs – canettes de bière lancées
par des supporters belges sur sa moto, le manager Kawasaki fait des bras
d’honneur à chaque tour – devant tout le monde – Malherbe, bref beaucoup de
vilaines choses…
De
toute façon après une ½ heure il n’y a plus de suspense. Lackey a chuté,
percuté un arbre, et passe pratiquement au ralenti. Tout comme Bruno, qui était
pourtant revenu septième…
C'est fini, Roger De Coster se retire après un fantastique doublé
Pendant
que De Coster fait un nouveau festival, clôturant (cette fois-ci c’est
définitif), son immense carrière par une fantastique 44è victoire, et que
Carlqvist, second, se prépare à monter sur la troisième marche du podium final,
André Malherbe assure donc son premier titre de champion du Monde 500. Un titre
mérité, acquis après une saison à la fois régulière et brillante (neuf victoires !
contre quatre à Lackey, trois à De Coster et Vromans). Quand une étoile Belge
s’éteint (De Coster), une autre s’allume…Elle brillera sûrement longtemps.
Voici
le classement :
Source et photos : Moto Revue
n° 2474 / X.Audouard